"Smicards" le père Noël ne vous gâtera pas ! ou chronique d'un mensonge d'état !
La prière du Smicard !

Le 30.11.2009 nous apprenions du journal les Échos que le groupe d'experts sur le SMIC, présidé par le président de l'Autorité de la statistique publique, Paul Champsaur, avait remis vendredi 27 novembre au ministre du Travail son rapport .
Selon ce rapport la revalorisation du SMIC au 1.1.2010 devrait être limitée à la stricte application des mécanismes légaux c'est à dire aucun coup de pousse pour le SMIC.
Les experts justifient leur recommandation par le "contexte conjoncturel encore fragile", nécessitant de ne "pas compromettre la santé économique et financière des entreprises", et par le manque d'efficacité du SMIC dans la lutte contre la pauvreté par rapport aux mesures de soutien au revenu du travail (prime pour l'emploi, RSA), mieux ciblées sur les ménages pauvres.
En revanche ils estiment que "les allégements de cotisations sociales ont fait la preuve de leur efficacité et doivent par conséquent être maintenus".
Pour aller plus loin
Rapport d'expertise Décembre 2009
Ce n'est pas la première fois que le SMIC est remis en cause pour lutter contre la pauvreté !
En 2008, le rapport Cahuc, Cette et Zylbenberg, commandé par Matignon, indiquait que le système français de redistribution des revenus s'appuie sur un salaire minimum relativement élevé complété par une multiplicité de prestations sociales dont la complexité et le profilage selon le revenu d'activité aboutit à une absence de lisibilité et à de très faibles incitations à la reprise d'emploi pour les personnes les moins qualifiées.
Les auteurs suggèraient qu'une politique efficace d'amélioration des bas revenus et de réduction de la pauvreté devait s'appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme.
Ils encourageaient la mise en place du revenu de solidarité active plus approprié .
En mai 2009 deux de ces experts chantaient le même refrain sur un forum organisé par le Nouvel Observateur !
lire les réponses sur le forum clic ici
extrait
"C'est vrai que le salaire du Président a augmenté. Pour le reste de votre question, le seul point qui est de notre compétence tient à l'augmentation du Smic. En France, de nombreuses études montrent que ce n'est pas une bonne mesure pour l'emploi"
RSA : la trappe à pauvreté

Stop au mensonge et aux analyses " partisanes " car depuis des années c'est toujours la même antienne à savoir qu'avec une croissance faible tout progrès social serait impossible, voire rendrait « inéluctables » des reculs en série.
c'est avec ce genre d'arguments qui s'appuient sur une idéologie ultra libérale que nos politiques légitiment
- une mise en pièce du code du travail,
- une précarisation de plus en plus grande des salariés
- une flexibilité toujours plus importante
- des allègements de charges et la multiplication des contrats aidés
le tout devant assurer la création d'emplois alors que tous les indicateurs démontrent que ces mesures sont inopérantes ..( effets d'aubaine )
Bien plus ce discours masque un véritable mensonge d'état : mensonge véhiculé par la droite comme la gauche !!!!
En effet:
D ’après le Fonds monétaire international (FMI), dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 5,8 % entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe , cette part a chuté de 8,6 %. Et, en France, de 9,3 %
Cela représente des dizaines de milliards d’euros,
En effet le PIB de la France s’élève à près de 1 800 milliards d’euros. « Donc il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital », calcule Jacky Fayolle, ancien directeur de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Soit, même avec des estimations basses, plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité sociale (12 milliards) et une vingtaine de fois celui des retraites (5 milliards).
Ce transfert des richesses du travail vers le capital devrait être au coeur des débats......
Mais c'est le mutisme de tous médias et politiques de gauche comme de droite.....

D’après Jacky Fayolle, de tels ordres de grandeur « traduisent des déformations structurelles, pas simplement de l’économie mais de la société ».
Ces déformations résultent de « tout un ensemble de facteurs : le poids du chômage, les politiques économiques, les changements de la gouvernance des entreprises depuis une vingtaine d’années ».
C’est au début des années 1980 que commence le ralentissement de la croissance, qui passe de 4,8 % en moyenne durant les « trente glorieuses » (1945-1975) à environ 2 %.
« Tout se passe comme si ce changement de rythme avait été mis à profit pour modifier les règles du jeu au détriment des salariés notent des chercheurs de l’IRES.
Les suppressions de postes et les restructurations d'entreprises qui délocalisent leurs emplois vers des pays à bas coût de main d'oeuvre se multiplient, le chômage augmente et la peur de perdre son emploi et le chantage au chômage font naturellement stagner l'augmentation des salaires réels.
Selon les Échos « Le revenu salarial net n’a pratiquement pas augmenté depuis ces vingt-cinq dernières années »,
La « flexibilité » précarise les salariés et tire les salaires vers le bas
Aujourd'hui la pauvreté frappe aussi ceux qui travaillent ! :
17 % des personnes travaillent à temps partiel, dont 30% sont en sous emploi .
82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes.
3,1 millions travaillent sous contrats atypiques (intérimaires, contrats à durée déterminée, stagiaires, contrats aidés et apprentis). soit 12 % de l’emploi ( voir étude insee clic ici )
Dans le même temps les cotisations n'ont cessé d'augmenter , par ailleurs les salariés doivent cotiser plus et plus longtemps pour des retraites plus faibles, ils doivent faire face à un désengagement progressif mais constant de la sécurité sociale dans le remboursement des soins et des médicamants....
Pendant ce temps le CAC 40 publie des « profits records » – plus de 90 milliards d’euros – dont, autre record, 40 milliards avaient été reversés en « dividendes » (mot utilisé une fois par Mme Royal) ).
Mais la candidate socialiste ne se saisit pas de cette aubaine, lui préférant une autre recette, consensuelle : « Nous relancerons la croissance économique parce que nous réconcilierons les intérêts des entreprises et les intérêts des salariés. Voilà la clé du développement économique. »
Depuis des années on assiste à un transfert d'une partie du coût du travail des entreprises… vers la collectivité. D'ici la fin de l'année, celles-ci auront déjà bénéficié de quelque 32 milliards d’€ d'allègements de «charges» dans le cadre d'une politique de l'emploi qui entretient sciemment et depuis très longtemps l'effet «trappe à Smic», puisque 15% de nos salariés sont Smicards : un record en Europe. Là-dessus, la PPE a été inventée pour redistribuer du pouvoir d'achat à ces travailleurs maintenus au plus bas de l'échelle : l'argent public sert donc doublement à nourrir le cercle vicieux.
Le RSA ne permet pas à ses bénéficiaires de sortir de l'assistanat et de s'émanciper par le travail, vu la mauvaise qualité des emplois proposés et la bassesse des rémunérations actuellement en vigueur .
Depuis des années , l'argent public contribue à déresponsabiliser les employeurs.
la substitution du Smic par le RSA et autres aides ( je redoute les réformes qui seront prises concernant le SMIC....) ne ferait que réduire au maximum le coût du travail pour les entreprises, sa «valeur» devant être assumée par la solidarité nationale, sous diverses formes d'assistanat saupoudrées à des travailleurs appauvris.
Si c'est cela redonner au travail sa vraie valeur ( rappelez vous des propos de Nicolas Sarkozy sur le sujet ) je me fais moine trappiste !