fausses conventions: vrais licenciements
ruptures conventionnelles et licenciements déguisés
la DARES vient de publier le nombre de ruptures conventionnelles signées depuis août 2008 jusqu'au au 25 mai 2009.
le MEDEF et son égérie en Maserati Laurence Parisot peuvent être satisfaits : le nombre des demandes d'homologation entregistrées par les DDTE s'élève à 122 000
( ce qui correspond avec une correction des données à 200 000 demandes sur une année complète )
sur ce nombre 17% des demandes étaient irrecevables ou refusées ce qui amène le nombre de demandes homologuées aux alentours de 100 000
le nombre de demandes semble je dis bien semble se stabiliser autour de 15 000 par mois
les personnes qui s'inscrivent comme demandeurs d'emploi en catégorie A B et C c'est à dire demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ou exerçant une activité réduite , représentent 50% du nombre des conventions homologuées
Cette moyenne ne doit pas faire illusion car si en fin d'année 2008 ce taux ne repésentait que 33 % il a bondi à 70% en janvier et semble se stabiliser autour de ce chiffre ...
chiffres publiés sur le site du Ministère du travail clic ici

ce fort taux d'inscription au pôle emploi des signataires d'une rupture conventionnelle doit nous amener sérieusement à nous interroger.
depuis plusieurs années le Medef n'a de cesse de vanter les avantages de ce type de rupture du contrat de travail destinée à "fluidifier le marché du travail".
En effet selon le Medef la rupture conventionnelle et ses modalités de mise en oeuvre "allégées" qui facilitent la rupture du lien contractuel entre l'employeur et le salarié sont de nature à enlever les craintes des employeurs pour recruter
ni démission ni licenciement la rupture conventionnelle était et est encore présentée comme un divorce par consentement mutuel .
divorce consommé après manifestation de la volonté éclairée et libre de chaque partie ,
ce tableau idyllique ne correspond pas à la réalité:
s'il y a des séparations véritablement à l'amiable sans conflit entre employeurs et salariés , de nombreuses conventions mettent un terme à des litiges ou à des processus de déstabilisation des salariés qui n'ont plus qu'un seul souhait pouvoir partir de l'entreprise la tête haute .....
dans bien des cas il s'agit purement et simplement de licenciements déguisés

depuis de nombreuses années les licenciements pour faute et pour faute grave augmentent alors que le nombre des licenciements pour motif économique a diminué quasiment dans la même proportion
on ne compte plus les contentieux portés par les salariés devant les instances judiciaires compétentes pour harcèlement, pressions morales, requalification des démissions en licenciement etc...
la rupture conventionnelle n'échappe pas à cette réalité car elle entérine bien souvent un long processus de destabilisation des salariés qui de guerre lasse n'ont plus qu'un souhait partir de leur entreprise pour tenter de "rebondir" ailleurs.
la rupture conventionnelle qui ouvre des droits à prestations de chômage permet aux salariés de " consentir" plus aisément
ne perdons jamais de vue que la relation contractuelle entre employeur et salarié est une relation déséquilibrée au profit de l'employeur .ce déséquilibre est la résultante du lien de subordination.
de nombreuses dispositions légales, réglementaires et conventionnelles sont venues compenser ce déséquilibre .
la rupture conventionnelles rompt avec " cette tradition" du droit du travail. elle met sur un pied d'égalité employeur et salarié dans la négociation
il ne faut pas se voiler la face l’employeur dispose de moyens de pression pour convaincre le salarié d’accepter son départ de l'entreprise .
beaucoup de ruptures conventionnelles n'ont de " conventionnelles" que le nom et sont de véritables licenciements
licenciements sans motif, toilettés d'une procédure protectrice pour le salarié et cerise sur le gâteau à moindre frais pour l'employeur.
Ainsi, la rupture conventionnelle n’offre aucun droit nouveau au salarié tout au contraire elle contourne les règles protectrices du licenciement.
c'est mon analyse depuis des mois analyse qui est confortée à mon avis par les chiffres de la DARES
En effet comment expliquer que malgré la conjoncture actuelle, malgré la pénurie des emplois , les licenciements qui ne cessent de se succéder, la crise qui est devant nous
comment expliquer que des salariés , qui n'ont pas encore trouver un emploi puissent accepter de venir grossir le contingent des chômeurs qui ont de plus en plus de mal à retrouver un emploi .
n'oublions pas que perdre son emploi est la première crainte des Français avant l'insécurité
alors comment expliquer dans ces conditions que 70% des salariés qui ont signé une rupture conventionnelle bravent cette crainte si ce n'est pour se débarasser d'une situation devenue trés difficile pour eux au sein de leur entreprise.
la rupture conventionnelle si elle est adaptée dans un nombre limité de cas ( lorsqu'il n'y a pas de réel contentieux entre l'employeur et le salarié) Dans les autres cas, ce mode de rupture n'est pas adapté.
l'employeur quant à lui croit être garanti contre tout contentieux avec son ex salarié ce qui est faux
La rupture conventionnelle est un mode de rupture voté encore une fois dans l'urgence, sous la pression du Medef, mal conçu qui crée plus de difficultés qu'il n'en résoud.
salariés ne tombez pas dans la tentation de ce type de rupture sauf bien sur s'il n'y a pas de réel litige avec votre employeur que vous souhaitiez ensemble mettre un terme à une relation qui ne vous donne pas satisfaction et surtout aprés avoir trouvé une solution de rechange ( nouveau job, création d'entreprise etc...)
renseignez vous auprès d'un professionnel du droit avant d'entamer toute négociation avec votre employeur

vous pouvez lire mes billets sur la présentation du dispositif et mes commentaires en cliquant ici
je mets également un billet de diners'room ( clic ici) qui en janvier 2008 indiquait je cite :
" l'objectif principal du dispositif est bien de limiter autant que possible le recours au juge et les incertitudes qui s'en suivent. Le salarié se réjouira de ne pas attendre des mois - années - pour percevoir des indemnités. L'employeur jouira de quelques miettes de certitudes.
Car il ne faut peut-être pas espérer trop de cette innovation.
En effet, s'il est des licenciements qui cachent d'heureuses ruptures[4], la plupart reposent sur un litige bien né. Et l'on ne voit guère de raison pour laquelle le salarié qui s'estime lésé ne préfèrerait pas engager une procédure contentieuse. La rupture conventionnelle apaisera ce qui n'était guère brûlant.
Rien n'est dit sur d'éventuels recours.
Nonobstant l'homologation, il me semble que la rupture conventionnelle devrait pouvoir faire l'objet d'une annulation[5]. En ce cas, le contrat de travail ne serait pas dénoué, à moins que le juge ne décide de requalifier en licenciement[6].
Somme toute, pour conclure, un dispositif intéressant, mais à la portée sans doute bien plus réduite que l'on veut bien imaginer. Gageons cependant que l'on s'en félicitera de partout. Et avec fracas."
Commentaires
Suite à un gros problème relationnel, mon mari s'était vu proposé une rupture de contrat à l'amiable par son patron. Avec menace que cela se passe beaucoup moins bien pour lui si il refusait évidement. Heureusement il a refusé, quelques mois plus tard le patron s'est vu refusé par les actionnaires toute tentative de licenciement pour faute à l'encontre de mon mari. Mon mari se retrouve aujourd'hui licencié économique mais avec les indemnités et l'assurance chomage qui lui est due.
merci pour ce témoignage personnel
malheureusement l'expérience de votre mari n'est pas unique
bien souvent les salariés signent ce type de convention par peur d'être licenciés pour faute grave
certains employeurs peu scrupuleux emploient ce type d'argument